Du 18 au 26 Février 2020
Après notre deuxième passage aux Grenadines, nous revenons sur la Martinique avec encore une fois, une navigation engagée dans les canaux et aussi sous le vent des îles. De violents grains avec des vents forts nous ont violemment secoués. Les navigations aux Antilles en ce début d’année 2020 ne sont pas aussi tranquilles que cela. 😀
Nous regagnons donc le bourg d’Arlet, que nous connaissons parfaitement (voir article catégorie Martinique avec bon plans inclus 😉), pour retrouver pendant quelques jours, des amis de longue date, venus passer quelques jours à St Luce, et continuons à remonter la côte sous le vent de la Martinique.
Anse Noire – Anse Dufour
Premier stop à l’Anse noire, pour passez quelques jours. La prise de mouillage est pour la première fois compliquée, car nous nous y reprenons à 3 fois avant d’assurer une accroche parfaite. Les herbiers rendent le sol très meuble sur les premiers centimètres , et il faut donc bien choisir une zone de sable plus dense et sans herbier. La transparence de l’eau permet sans soucis de choisir son emplacement, malgré un espace de mouillage assez restreint et des petits airs tournicotants pendant notre séjour.
Un petit air de plage de bout du monde
Surplombée par les pentes abruptes des mornes avoisinants, noyée dans la végétation, la petite crique de l’anse Noire offre un paysage bien différent des plages du sud de l’île. Plus sauvage, plus intense. Le contraste avec l’Anse Dufour distante de quelques centaines de mètres est saisissant.
Encaissée entre deux falaises plongeant dans la mer, elle se découvre du haut du piton rocheux qui la sépare de sa voisine. Une jolie bande de sable noir d’origine volcanique généreusement ombragée par de majestueux cocotiers. Un grand ponton d’accostage, quelques gommiers de pêcheurs, des filets qui sèchent aux branches, et cachés sous les arbres, les bungalows d’un petit hôtel restaurant : le “Domaine de Robinson”.
Un escalier à flancs de roche mène en contrebas. 136 marches quand même, avant de fouler ce sable fin de couleur sombre, véritable curiosité géologique, ici sur la côte sud Caraïbe où toutes les plages sont de sable blond.
Source zananas Martinique.com
L’Anse Noire est réputée pour la beauté de ses fonds marins et la richesse de sa faune aquatique. Alors, n’oubliez pas masques, palmes et tubas. Ici, nul besoin de bouteilles de plongée pour découvrir la vie sous-marine. Poissons et tortues se côtoient.
Nous nous essayerons à la pêche sous marine, au niveau des pointes voisines mais sans succès. Charles qui a été initié par un copain martiniquais au port des 3 îlets, se met en quête de pêcher du bateau. Il utilise des bouts de viande comme appât et au bout de 20 minutes remonte sa première prise !!! Une petite carangue qui cuite à la capverdienne sur la plancha (voir recette côté cuisine) fera son repas du soir.
Le spectacle est aussi dans l’air avec des vols de pélicans, absolument pas craintifs, qui chassent à proximité des baigneurs.
Pour les enfants, encore des journées plage et baignade avec d’autres bateaux copains et la dégustation sur la plage de glaces artisanales.
Seul petit bémol, les Day charters qui viennent à la journée avec quelques touristes et qui heureusement vous laissent presque seuls au monde avant le coucher du soleil, mais rien à voir avec la frénésie et l’occupation importante de la plage voisine de l’anse Dufour.
A ce propos, une belle ballade à pied, peut être faite, par la pointe reliant les deux anses, ainsi que l’achat de poissons (selon arrivage) directement aux pêcheurs de l’anse Dufour qui utilisent une méthode de pêche traditionnelle.
Le coup de senne, le filet de fond, la pêche à la nasse et le tombe levé sont des techniques de pêche ancestrales encore pratiquées aux Anses d’Arlet et notamment à l’Anse Dufour et il n’est pas rare d’assister à un coup de senne : une pratique qui vaut le coup d’oeil.
Anse Mitan – Marina du Bout
Après ce passage reposant dans cet endroit presque unique en Martinique (plage de sable noire), nous rentrons dans la baie de Fort de France, en direction de la pointe des 3 ilets et de l’Anse Mitan. Nous passerons une nuit dans ce mouillage bondé et secoué par les navettes assurant le passage entre Fort de France et les 3 ilets.
A noter que face à nous et derrière les enrochements, nous avons découverts des petites plages très tranquilles avec des eaux translucides, propices à la farniente et à la baignade car ici le vent (orientation tranquille) est inexistant et la chaleur monte immédiatement.
Le lendemain, nous prenons la direction, une fois n’est pas coutume, de la petite “marina du Bout”, à quelques encablures du mouillage. Cette marina toute petite (120 places), au charme certain, est située dans une zone très touristique mais néanmoins intéressante. Comme pour le mouillage de l’anse Mitan, elle offre un avantage logistique indéniable de part sa proximité avec l’aéroport du Lamentin, permettant notamment d’embarquer ou de débarquer des invités métropolitains.
Fort de France
Un problème de filtre de dessalinisateur (appareil permettant de faire de l’eau douce à partir de l’eau de mer) nous oblige à nous rendre sur Fort de France, pour changer un porte filtre chez le seul ship de la ville SEA Service. Je valide néanmoins par téléphone la disponibilité de la pièce avant de me déplacer. Ce ship est bien achalandé et permet donc dans bien des cas, d’éviter le retour au Marin.
Après une courte navigation, nous mouillons au pied de l’imposant et magnifique Fort Vauban de Saint Louis, qui nous ressasse inexorablement une fois encore, l’histoire maritime et la guerre entre notre marine nationale et la non moins fameuse Navy anglaise. Ce mouillage est hallucinant car vous vous êtes juste en face du centre ville de la capitale de l’île. Un ponton à annexes à quelques centaines de mètres, permet facilement de réaliser toutes courses et approvisionnements.
Bien mal nous en a pris
Notre fameux contre temps technique, tombe à point nommé, car sans le savoir, nous arrivons en plein carnaval, et décidons de le voir et de rester quelques jours ici. La suite est incroyable, car pour tout martiniquais, ce moment est gravé dans le calendrier, comme étant la période annuelle de fête à ne pas rater. Certains prennent des vacances pour y participer et reviennent au travail encore plus fatigués que lorsqu’ils sont partis.
Il est difficile de décrire ce que nous vivons tellement les couleurs, les sons, et les odeurs s’entrechoquent. Quelque chose d’incroyable que nous ne connaissons absolument pas en métropole, transgénérationnel, inscrit dans l’ADN de la société martiniquaise.
Ambiance
Portrait
Après cet intermède festif en compagnie de 6 autres bateaux copains, Camille se voit proposer son premier bâptème de plongée en mer encadrée de 2 moniteurs particuliers. Merci encore à nos bateaux copains Kentan II et Rivendell.
Direction Grande Anse d’Arlet et la crique incroyable de beauté situé entre la Grande Anse et l’anse du Bourg : peut être une des plus belle crique de Martinique. Camille est enchantée mais il est temps de remonter vers le Nord en direction de St Pierre.
St Pierre
Après une navigation très sympathique traversant l’entrée de la baie de Fort de France, nous arrivons à St Pierre. La vue est digne d’une carte postale avec la Montagne Pelée en arrière plan.
Le mouillage près du ponton est situé entre la plage et la zone interdite délimitée par des bouées jaunes en raison de nombreuses épaves. Il faut véritablement s’avancer afin de bénéficier d’une profondeur acceptable 6-8 mètres sur fond de sable.
Capitale économique et culturelle de l’île.
La ville se développe grâce à l’industrie sucrière et au commerce des esclaves. Le port de Saint-Pierre attire alors des navires et marchands du monde entier. Une riche bourgeoisie commerçante prend essor, qui se fait construire des maisons de campagne au-dessus de Saint-Pierre, au Morne-Rouge, pour profiter de la fraîcheur le dimanche, et qui modernise la ville en la dotant d’équipements publics et de loisirs n’ayant rien à envier à ses modèles européens. Surnommée le Petit Paris, le Paris des Isles, la Perle des Antilles ou encore la Venise tropicale, la ville est alors le chef-lieu, mais aussi la capitale économique et culturelle de la Martinique
Eruption de 1902 et destruction de la ville
Début avril 1902, des fumerolles apparaissent au sommet de la montagne Pelée, suivies d’une pluie de cendres et de grondements souterrains le 23 avril et d’un grand nuage de roches et de cendres qui s’échappe du sommet le 25 avril. Le 27 avril, jour du premier tour de l’élection législative, une forte odeur de soufre envahie Saint-Pierre. Le 2 mai, la montagne produit de fortes détonations, des tremblements de terre, et un panache noir de fumée s’élève qui masque le soleil. Bien que les événements soient inquiétants, l’administration souhaite que le second tour de l’élection législative se déroule normalement et les personnalités de la ville se partagent alors en partisans et adversaires de l’évacuation de la ville selon leurs opinions politiques. Les chutes de cendres s’intensifient le 4 mai et les routes vers le nord sont coupées à cause des ravines en crues, ce qui crée un début d’affolement de la population et les premiers départs. Le 5 mai, les rues de Saint-Pierre sont envahies de “serpents fer-de-lance” chassés des hauteurs par les cendres brûlantes et dont la morsure mortelle tue 50 personnes et plus de 200 animaux
Au même moment, la mer se retire de 100 m et provoque un tsunami qui envahit le bas de Saint-Pierre. Des dizaines d’habitants ont déjà quitté Saint-Pierre et certaines voix recommandent une évacuation totale de la ville, mais en raison de la proximité du second tour des élections législatives partielles du dimanche 11 mai qu’il est trop compliqué de reporter, aucune mesure d’évacuation n’est mise en place par les autorités et les notables, tel le maire Rodolphe Fouché, le gouverneur Mouttet, le directeur du principal journal Les Colonies Marius Hurard ou le gros usinier Eugène Guérin qui minimisent le danger. Le jeudi 8 mai, jour de l’Ascension, à 7 h 52, une nuée ardente dévale le volcan vers Saint-Pierre à la vitesse de 670 km/h. Cette masse gazeuse et solide de plus de 1 000° C rase en quelques minutes toute la ville en tuant 26 000 personnes et en détruisant 40 navires dans la rade. Seul un prisonnier, Cyparis, petit délinquant multirécidiviste, sera protégé par les murs épais de sa cellule, et survivra à la catastrophe.
Il est évident qu’en venant à St Pierre, la visite des vestiges de cette époque et notamment le Grand théâtre et la prison, restent incontournables pour comprendre l’histoire terrible de cette ville, ô combien importante au XIX ième siècle.
De même, l’ascension de la Montagne Pelée est programmée, à l’initiative d’une rencontre improbable lors d’une soirée passée avec des expatriés Cécile et Olivier travaillant à St Pierre depuis 5 ans. Nous profitons aussi avec eux de la fin du Carnaval où le roi VAVAL 2020, qui incarne cette année le scandale du chlordécone, est brulé.
Le Vaval est ici souvent politisé…
PS : La Guadeloupe et la Martinique sont contaminées pour des siècles par le chlordécone. Ce pesticide d’une toxicité extrême a été utilisé massivement dans les bananeraies de ces deux îles de 1972 à 1993. Résultat : les écosystèmes y sont pollués et la quasi-totalité des Antillais sont eux aussi contaminés par ce perturbateur endocrinien et présente le taux mondial le plus fort du cancer de la prostate.
Olivier nous emmène et nous sert de guide, le lendemain en nous faisant découvrir une voie moins usitée au départ du futur observatoire côté le Prêcheur, pour monter le Mont Pelée.
L’ascension est raide et difficile, accompagnés des enfants, nous nous arrêterons sur les conseils d’Olivier à La Caldeira, car l’accès au sommet peut être dangereux. Et heureusement, car au tout début de la descente, Charles tombe littéralement dans un trou et disparait de tout son corps dans la broussaille. Rapidement Je chope sa main et le hisse à nouveau sur le chemin. Ouf plus de peur que de mal , mais il a eu beaucoup de chance !
Nous bénéficions quand même de panoramas exceptionnels sans nuage et constatons effectivement la discontinuité de la caldeira suite à l’explosion de 1902. La descente est tout aussi sympathique, face à l’île de la Dominique, prochaine destination de notre aventure familiale.
Bonjour à toute la famille; quel beau périple dans cette Martinique que nous connaissons assez bien; les Anses d’Arlet lieu culte et un des plus beaux de la l’île. nous y avons séjourné lors de notre venue avec nos enfants; le cousin de mon mari habite au François; la famille Malouines est originaire de l’île et nous y avons découvert leur ancêtre une certaine Malvina venue d’Afrique.
Profitez bien de tous ces moments en famille et amis.
Marie laure (amie de Marie)
Merci Marie Laure
Nous avons également apprécié notre passage et approfondirons plein d’autres choses à notre retour fin Août.
Nous sommes actuellement en Dominique qui mérite le détour mais ça c’est la suite…