En deux saisons, nous avons parcouru pres de 1800 miles avec l’Aventura 28 (sans compter la remontée d’Arcachon, son ancien port d’attache), un résultat satisfaisant pour emmagasiner un peu d’expérience. Notre terrain de jeu de prédilection : au Nord la rivière de l’Odet, au Sud la Rochelle. Nous aurions pu vous raconter par le menu chacune de ces sorties, mais ce blog étant résolument tourné vers l’avenir et vers notre nouveau Rackam 32, je vais simplement vous relater notre première semaine complète de navigation en Août 2011, entre la Baie de Quiberon, les Glénan et l’Odet : une semaine riche en découvertes et en rebondissements.
L’équipage :
Un couple d’ami avec leurs deux ado (12 et 15 ans) et nous même avec Camille (2 et 1/2), soit 7 personnes à bord.
Périple :
Golfe du Morbihan – Houat
Houat – Archipel des Glénan
Archipel des Glénan – Anse de Toulven (Odet)
Anse de Toulven – Riec sur Belon
Riec sur Belon – Groix
Groix – Sauzon (Belle Ile)
Sauzon – Houat
Houat – Golfe du Morbihan
Météo :
Diverse et variée
Jour 1 : Golfe du Morbihan – Houat
Afin de bien débuter cette semaine de nav, nous nous partons vers 20h00, de Port St Jacques (Sarzeau 56) pour rallier la côte Nord de Houat. Un p’tit temps, pour une p’tite nav d’une dizaine de miles, histoire de se mettre en jambe. Beau coucher de soleil, et pour s’amariner, une nuit au mouillage de Porz Navallo, à deux encablures du passage du Béniguet.
Voilà c’est fait….déjà quelques miles de gagnés pour rejoindre directement les Glénan demain.
2ième Jour :
Après le passage du Béniguet nous longeons, la chaussée du Béniguet pour rejoindre le passage de la Teignouse. Par tout petit temps, nous faisons cap direct sur les Glénan, passant à proximité de l’imposant phare des Birvideaux.
Alors que nous longeons Groix à environ 5 miles, un groupe de dauphins ou plus vraisemblablement de marsouins nous accompagne. Instants toujours magiques, véritable spectacle pour les petits comme pour les grands.
C’est pas le tout, mais les émotions, ça creuse ! Pause déjeuner. Il fait chaud…va pour un bon bain avant la sièste ! Même si nous n’avançons à 1.5 nds, nous laissons courrir une amarre dans l’eau : on est jamais trop prudent et c’est tellement plus rigolo :
Et comme disait la chanson “On navigait en père peinard”…pétole… pétole pendant une bonne partie de la journée ! Ce n’est qu’en fin d’après midi, qu’à quelques encablures de l’Archipel, Eole a daigné monter le bout de son nez. Pour éviter de faire le tour de Penfret par l’Est puis par le Nord, nous prenons l’entrée du Sud Est (sur l’alignement du pignon de la grande maison de l’île St Nicolas par la droite du fort Cigogne). Entrée sans difficulté particulière, mais proche par endroits de certains récifs.
Voulant tester un nouveau mouillage, nous filons sur Fort Cigogne. Après le rocher de la Bombe, nous bifurquons sur bâbord dans l’anse de l’île du Loch. Afin de faciliter le débarquement, nous nous approchons au maximum de la plage. Mouillage tête et cul effectués, nous descendons pour nous balader sur la 2ième plus grande île des Glénan. L’île privée, n’est bien entendu pas très haute, et particularité, elle accueille des marais en son milieu. Nous traversons ce bout de terre, pour nous rendre à l’anse de Stervat, afin de visualiser cet autre mouillage, que nous n’avons pas encore testé. La petite plage de l’anse est très sympa mais la place est comptée. C’est promis, nous y reviendrons une autre fois.
Le vent tourne de 90° et la brume tombe d’un coup. Le spectacle est magnifique avec Fort Cigogne et la cheminée du Loch dans les nuages.
Nous nous échouons tranquillement, pendant la préparation du repas. Ce soir c’est grillades au COBB, un peu de musique, beaucoup d’échanges et dodo. Mais vous vous demandez peut-être commment nous avons pu loger 7 personnes dans un si petit bateau ? Et bien, c’est relativement simple, nos amis dans une coque, Camille et sa maman dans l’autre, les deux ados dans une tente sur le trampoline et votre serviteur sur les coussins du cockpit.
La pub disait : “il a tout d’un grand” et c’est bien le cas.
2ième jour :
Nous avions fait le choix de rester deux jours sur les Glénan, pour profiter de l’endroit. Pêche, plongée, jeux sur la plage et farniente.
Pour ce faire, direction le banc de Guiriden, halte que nous avions déjà faite en juin, avec cette belle journée ensoleillée. Le bateau est beaché sur la plage, plus facile pour les enfants et le débarquement.
Apéro sur la plage, repas sur le bateau, petite sieste et pêche à l’araignée pour Gigi mais sans succès. Les fonds restent magnifiques et recouverts d’oursins. La journée est déjà passée. Le ciel se couvre rapidement, quelques gouttes commencent à tomber. On décide alors, au vue des nouvelles conditions F5 F6 annoncées pour la nuit, de mouiller au nord du banc de sable entre Bananec et St Nicolas. Toutes les bouées sont occupées. On s’approche au maximum de la plage et mouillions dans 3 mètres d’eau.
Après deux tours d’annexe, notre petite équipe part visiter l’ile St Nicolas sous le crachin breton . Un tour du propriétaire au pas de course direction le bar pour une p’tite bière. C’est le lieu idéal pour admirer le spectacle que les stagiaires des Glénan nous offrent à bord de leurs catamarans de sport. Sur une coque sous spi, ils profitent des conditions de vent qui se renforce.
Avant que le temps ne dégénère…vite au bateau ! Un petit crochet par le vivier, qui est à deux pas, pour acheter quelques araignées. Le banc de Bananec est sous l’eau, et le clapot commence à rentrer dans notre mouillage. La nuit risque d’être agitée avec ce vent qui continue à se renforcer. Nous installons la tente du cockpit, pour être au chaud, et dégustons les araignées. Bonne à nuit à tous.
3ième jour :
Nuit pour le moins agitée, avec des rafales à 27-28 nds. Tôt ce matin, la pluie s’est invitée. Et puis vers 5h00, un vrai déluge : l’eau coule le long du mât et inonde en quelques minutes la tente d’Alexandre et de la grande Camille. Ils se réveillent avec 3 centimètres d’eau dans la tente. On se réfugie tous dans le cockpit. Avant d’y voir plus clair, un petit déjeuner s’impose.
Tout est trempé. Que fait-on ? Après quelques minutes de palabres, et malgré les 25nds de vent, nous décidons de filer sur Bénodet. Traversée un peu rock and roll, avec la mer en plein travers et des déferlantes sur les “Pourceaux”que nous longeons côté Est. La grande Camille est malade.
A quelques miles de l’Odet, le soleil pointe son nez, et nous accueille chaleureusement (comme les employés du port) sur un ponton de Bénodet. Séance séchage, nettoyage, pomponnage obligatoire. De vrais romanichels sur le ponton. Au passage une p’tite douche.
18h00 : avitaillement, pleins d’essence et d’eau faits, nous sommes prêt à repartir pour l’anse de Toulven à quelques miles en amont. Ambiance rivière, bien loin des conditions de ce matin, nous remontons tranquillement son cours jusqu’au Virecourts, ces fameux virages à angle droit. Nous découvrons au fur à mesure de magnifiques maisons et châteaux. L’odet est vraiment une des plus belles rivières de France. Nous passons Porz Meillouz et arrivons à l’entrée du bras de Toulven.
L’entrée est étroite, mieux vaut rester au milieu, elle s’élargie par la suite pour former un lac où le mouillage est possible. Ce soir là 5 ou 6 bateaux sont présents. Nous décidons de remonter un peu plus loin et de mouiller à l’écart des autres. Mouillage avec ancre à l’avant et aussière à terre.
Bonne nuit dans un endroit champêtre, en rupture complète avec les ambiances marines classiques : Chants d’oiseaux, bruits d’animaux et murmure de la rivière, dans un environnement boisé et escarpé.
A faire absolument…
4ième jour :
Direction une autre rivière, beaucoup plus petite, le Belon si célèbre pour ses huîtres plates. Nous descendons l’Odet sous un soleil radieux, et rejoignons son entrée. Le vent est faible, nous envoyons le spi en espérant qu’il tienne.
Nous dépassons, sur notre babord un beau monocoque avec ses voiles à l’ancienne, et sur tribord un muscadet sous spi, et prenons la direction du Belon.
Ce matin on n’affole pas les chronos, alors tout naturellement vient l’heure de l’apéro, le repas, la sieste et la séance de bavardage.
Le vent rentre, en fin d’après midi, les thermiques certainement avec un F5 établi et la mer du vent, qui nous envoie sur la côte. On sera obligé de calmer le jeu à l’entrée du Belon. On croise alors un beau catamaran One Off, qui était à vendre récemment, un ROM 50 pieds avec voile High Tech qui remonte vite au près bon plein.
La houle nous pousse sur la barre à l’entrée de la rivière. Demi-tour face au vent, on affale la grand-voile, le solent et on met en route le moteur. Les vagues dans le dos nous avançons vers la barre. Le sondeur indique 3m, 2.5m, 2m, 1.5m, 1m… Avec 70cm de tirant d’eau, demi-tour, on arrête les frais. Y a pas d’eau dans ce pays !
On se rencarde auprès de l’équipage d’un canot du cru : serrer la rive gauche où il y a plus de fond, continuer tout droit et de bifurquer vers les bateaux au mouillage (embossage) dès qu’on les voient, en faisant attention au banc de vase à l’intérieur. Un jeu d’enfant, pour qui est initié. Une fois le seuil de la barre passé, la profondeur reprend 1M à 1M50 assez rapidement, pour parvenir sans difficulté aux bouées à embossage en pleine eau (12-15m d’eau) en face du quai de Riec sur Belon.
Tout l’équipage descends à terre. Marc & Anne Christine vont se balader sur le sentier côtier en direction de l’embouchure et de Port Manec’h et nous ramènent du coup de belles photos.
Alex, les 2 Camille, Gigi et moi, allons acheter un bon plateau de fruits de mer chez Jacky, avec inévitablement des huîtres plates du Belon (bâtiment à gauche sur la photo).
Moteur capricieux : retour sur le bateau à la rame. Un outremer 55, énorme cata, à pris la bouée.
5ième jour :
Pour aujourd’hui, p’tite nav vers Groix, pour faire découvrir à notre équipage le village au dessus de Port Tudy. Le vent est au rendez-vous, au portant, les 13 miles sont avalées en deux heures. Nous décidons avec Gigi de nous arrêter une nouvelle fois à Port Lay, un des plus petits ports de France. Un port miniature, où nous prenons juste une bouée à l’extérieur. Mignon je vous dit, vraiment mignon et direct pour aller à pieds, jusqu’au village. 10 minutes de marche et vous avez à proximité une supérette, le poissonnier, et le boulanger. Que du bonheur !
A noter : la girouette de l’église qui représente un thon en référence à l’illustre passé des thoniers de Groix.
Groix, ambiance si particulière, le temps n’a pas d’emprise ici. Tout transpire la tranquilité, la sérénité. D’ailleurs, ne dit on pas “Qui voit Groix, voit sa joie”
Cueillette des mûres sur le retour, apéro, déjeuner…. et la sieste. Prochaine destination : la plage des Grands Sables. L’unique plage concave d’Europe d’après les guides, un lieu à voir et un mouillage parfait pour la nuit, à couvert des vents dominants. La météo annonce un avis grand frais sur zone dans la nuit de dimanche à lundi.
Nous y arrivons vers 20h00, mise à l’eau de l’annexe et petite promenade sur cette belle plage si particulière. Mais le doute s’installe dans les esprits. Est ce raisonnable de partir demain matin (dimanche) pour couvrir 45 miles, avec la menace d’un grand frais sur zone pour la nuit ?
Après délibération, on change nos plans. Retour à bord, on file sur Sauzon, pour gagner un peu de distance. A 21h15, top départ, une fois la pointe des Chats passée, le vent monte, 20-25 nds avec une grande houle des 3/4 arrière. La traversée de 20 miles va être chaude… Le ciel s’assombrit et la nuit tombe. Nous n’avions pas navigué de nuit depuis le retour d’Arcachon, et bien cette fois, on est dedans. A l’approche de la Teignouse, la mer grossit encore. Vivement la pointe des Poulains, pour être protégés de la houle.
Que nenni, nous ne trouverons de répis pour affaler les voiles que derrière la pointe du Cardinal, dans l’avant port de Sauzon. A noter que la balise tribord de la pointe du Cardinal, n’est pas illuminée de nuit. Nous y sommes passés, très près.
L’entrée dans Sauzon de nuit, est magique. Ce port aux maisons colorées avec son phare à droite est vraiment fantastique. Nous nous faufilons (sous quelques applaudissements) jusqu’au fond de la Ria. Nous y prenons notre mouillage tête et cul, entre plusieurs catamarans. Ouf, un peu de calme, nous allons pouvoir profiter maintenant. Il est 23h30. Soirée très sympa, au rythmes d’un concert plutôt Rock voir Hard Rock mais contents d’être arrivés quand même.
6ième jour :
L’avis de Grand Frais est confirmé pour cette nuit. Nous partons vers 9H00 pour couvrir les 25 Miles restants. A la sortie de l’avant port en route vers Houat pour prendre le passage du Béniguet; le vent est à 15 nds. Nous envoyons le spi. Manoeuvre mal négociée, il part en “cocotier”. Encore une nouvelle expérience à gérer. Marc, Alex et Gigi s’emploient à l’affaler mais le vent est trop fort ! Pas d’autre alternative que de s’approcher de la cote pour se protéger derrière les falaises de Belle Ile. Le combat dure 1H30 exténué l”équipage savoure cette victoire et met le cap vers Houat.
Le temps passe vite, il est près de 13H30, quand nous mouillons au Nord Est de Houat sur la plage de Beg Run Er Vilain. On mange sur le pouce, un petit café.
Le temps est bizarre. La nature est comme à l’arrêt. Le vent est tombé. La mer se transforme en lac. Un proverbe traverse les esprits : Le calme avant la tempête ? Quelques gouttes tombent ici et là et forment des auréoles plus ou moins grandes. Le ciel est bas et blanc. Puis la pluie s’intensifie, et forme en quelques minutes un rideau impénétrable. Gigi nous presse car son huitième sens, présage un épisode de mauvaise augure. On repart toute suite, cirés pour tout le monde, la navigation va être humide. Encore dix milles, jusqu’à l’entrée du Golfe de Morbihan et il est 15H00.
Le vent forci, au fur et à mesure, que nous nous approchons de la côte. Nous sommes au portant à 11-12 nds, et l’anémomètre annonce des pointes à 25nds. Nous arrivons à proximité de Méaban, et la mer devient désordonnée. La vedette SNSM est de sortie et la VHF relaie des demandes d’aide à tout azimuts.
Ces conditions musclées sont arrivées très rapidement, nous sommes surtoilés. Demi tour, je descends le moteur, le démarre, et remonte face au vent et face aux vagues. Gigi affale le Solent, pour éviter par la suite l’enfournement puis nous prenons deux ris dans la GV.
Il faut se remettre dans le bon sens, dans l’axe du goulet de l’entrée du Golfe. Le demi tour est physique, avec le vent qui souffle maintenant à 35nds et rafales supérieures. Devant nous, le chaos ou Verdun devrais-je dire. La marée descendante du Golfe, opposée au fort vent contraire, lève une barre, entre Méaban et le Petit Mont. Ce ne sont plus des vagues mais des trous d’obus, des vagues carrées de 2 à 3 M de hauteur.
Nous sommes partis au grand largue, GV ouverte au maximum, poids réparti sur l’arrière, pour le Grand Manège de la Foire du trône. Dans ces instants particuliers, une première pour nous, le bon sens, et le calme sont de rigueur. Le bateau est extrêmement difficile à barrer, nous sommes peut être sur toilé (le troisième ris est disponible mais nous ne pouvons pas le prendre dans ces conditions) et par sécurité moteur démarré, donc nous continuons. Le manège ne devrait plus durer très longtemps, une fois la barre passée, le Golfe devrait être plus calme.
Il reste encore quelques mètres à parcourir, quand soudain, une grande vague nous rattrape, nous élève jusqu’à sa crête, et nous fait dévaler sa pente de travers. Je tire sur la barre comme un ours pour ramener le cata dans la pente. Heureusement le bateau suit, nous prenons 15 nds au portant et l’anémo est monter pendant une courte rafale au environ de 27nds. J’ai pas eu le temps, de regarder les cadrans mais Marc et Anne Christine, l’on fait pour moi.
Et puis, nous retrouvons les eaux plus calmes du Golfe, heureux d’avoir passés sans encombres ce goulet, et rejoignons à 11nds surface sous GV avec deux ris et sans voile d’avant, notre mouillage du Logeo.
La pression retombe, au fur et à mesure, que nous approchons de notre bouée. Avec le recul, quelle expérience pleine d’enseignements à tirer pour de futures navigations. Le coup de vent était annoncé à 21H00 et il est arrivé à 17H00, pas de chance pour nous, exceptée celle d’avoir vécu sans encombre cette expérience de Gros Temps Force 7 Force 8, sur un catamaran de 28 pieds. La difficulté n’étant pas la force du vent mais plutôt l’état de la mer.
Merci à notre équipage, de nous avoir fait confiance, et d’avoir maintenu une ambiance sereine.
Je vous l’avais dit dès le début : une semaine riche en découvertes et en rebondissements.
Slideshow complet de la semaine de navigation
Comme vous j’apprécie cette Île de Groix. J’y peins tous les étés, devant les ports. Celui Port Lay est une super modèle. Historiquement la première école française officielle de la pèche (de thon) . Devant les effets de marées impressionnantes, en peignant réellement devant, j’y suis arrivé à penser faire une installation (temporaire bien sur) d’un évier géant : http://pierremarcel.artisteo.com/oeuvres-art/oeuvre-art/3194-31207