Mai 2010 : de retour à Vannes, on cherche des solutions pour ramener l’Aventura 28 dans le Golfe du Morbihan. Skipper pro, amis ayant de l’expérience, ce n’est pas possible ou ça coûte trop cher, on décide donc de le faire ma femme et moi.
Ce sera une première navigation de 200 miles, avec les passes d’Arcachon et une première navigation de nuit, un éloignement de plus de 20 miles des côtes (ça va faire bizarre de plus voir la terre…) et au mini 24 heures sur le Bateau. Sans expérience, il faudra du bon sens, y aller pépère et avec la bonne météo.
Courant mai 2010, nous attendons la bonne fenêtre météo pour y aller sans se faire secouer (y a le Golfe de Gascogne sur le trajet). Ça se précise nous partons. 8H30, nous quittons le ponton du port d’Arcachon. L’ancien propriétaire nous rejoint à l’entrée des passes, pour nous expliquer comment procéder. Heureusement, nous bénéficions de conditions clémentes : un petit clapot et un vent F3. Malgré cela, ça déferle sévère de chaque côté des passes.
Ouf, on est sorti…cap sur l’ile d’Yeu, on s’éloigne progressivement des côtes landaises et de l’estuaire de la Gironde. 2 heures plus tard, le vent tombe et nous devons avancer au moteur. Et ça dure … en fait presque toute la journée. Ah, les joies de la navigation à la voile…
Le vent rentre en fin d’après-midi, mais on l’a presque dans le nez. Tant pis, il faut avancer entre le près et le bon plein, allure peu adaptée aux catamarans comme vous le savez. Après quelques heures de navigations : première réparation en mer à cause d’une sous barbe de bout dehors qui nous lâche. J’avais pas fait attention, mais avant le départ, ce câble inox était détendu et desserré (vu depuis sur les photos du départ). On bricole quelque chose avec un bout de secours, pour pouvoir utiliser le Gennaker ou le Spi. La nuit tombe, repas tranquille dans le cockpit, puis chacun prend son quart à tour de rôle. Comme nous sommes que deux et en plus débutants, on décide que celui qui dort, restera dormir dans le cockpit, au cas où !
Dans la nuit, les séances de repos sont hachées, on a du mal à dormir, entre l’appréhension de cette première nav de nuit, la gestion des feux, les phares…la méconnaissance de notre bateau et de son comportement, les bruits et le clapot des vagues.
Pendant le quart de Gigi, le vent est monté à F5 et rafales à F6. Toujours sur le qui vive, je me lève soudain, constatant que nous avançons plutôt rapidement : nous avoisinons les 12 noeuds. -“Gigi on peut pas calmer un peu, j’ai l’impression que ça monte ?” et “Si on enroulait le Gennaker, pour naviguer sous Solent ?”
On l’avait laissé depuis le coucher du Soleil, et le vent montait tranquillement. Séance trampoline en pleine nuit, pour emmagasiner puis affaler ce fameux Gennaker, et endraillé le Solent autovireur.
Vers 4 heures du mat, Gigi me réveille, elle a entendu quelque chose de bizare. Des grandes trainées blanches fendent l’eau : des dauphins jouent avec nos coques. Ils nous tiennent compagnie pendant une vingtaine de minutes et nous laissent, des étoiles plein les yeux comme des enfants devant les cadeaux de Noël ! Quel spectacle ! Magique, vraiment magique…
Le reste de la nuit se passe sans encombre. On file toujours à 9-10 nds, en slalomant entre les nombreux bateaux pêches, qui commençent leur journée. Le jour se lève, le vent diminue un peu, nous sommes encore à 25-30 miles de l’Ile d’Yeu.
Après 140 Miles d’effectués en 24 Heures, on décide de soulager un peu et de prendre un peu de repos sur l’Ile d’Yeu vers 12H00. Visite de l’anse des vieilles, du port de la Meule, et de la pointe du Vieux Château. En ce beau week-end ensoleillé, peu de places aux mouillages, et devant notre inexpérience du catamaran, de la voile en général et la prise de mouillage en particulier, je ne souhaite pas m’éterniser là. Nous repartons vers 16H00, direction Belle île. Le vent est toujours faible, mais nous arrivons quand même à avancer sous Gennaker. Nous dinons au soleil couchant, avant d’entamer notre deuxième nuit à bord.
Vers 4-5h00 du matin, nous touchons au but, la pointe de Kerdonis sur Belle-ile, mais que faire maintenant ? L’accès aux mouillages est compliqué, le passage des Soeurs ou celui du Béniguet n’est pas praticable de nuit, et la perspective de rentrer au port du Palais de nuit ne nous emballe guère. résultat des courses, après délibération : on reste entre Houat et Belle Ile à faire des ronds dans l’eau, en attendant le lever du soleil. Et c’est long…
6h00, le soleil dégage l’horizon. Alors en avant, par le passage des Soeurs, avec un vent qui a repris du poil de la bête (F5). Une petite course avec un Punch 8.50, qui rentre au bercail de bonne heure, et nous traversons la baie de Quiberon à bonne allure. Juste avant l’entrée du Golfe, notre ami, James, qui arbitre une régate en local, nous rejoint à bord de son zodiac, impatient de découvrir le nouveau Bébé.
L’entrée du Golfe avec le flot, ne pose pas de problème, il faut juste pour la première fois, trouver et prendre notre corps mort dans les courants importants de l’entrée de l’Anse de Baden. Un seul essai suffira, nous sommes heureux, et arrivés sains et saufs de notre première navigation “hauturière” de 220 miles environ, en 48 heures avec conditions plutôt légères, vent de face et pauses “détentes”.
Galerie photos Arcachon – Golfe du Morbihan Première Nav Aventura 28