Du 19 septembre au 29 septembre 2019
Quatorze années que je n’avais pas mis les pieds dans ce pays que j’ai sillonné du Nord au sud et d’Est en Ouest, à l’époque où je me passionnais pour le désert en raid 4X4; lors de nombreux raids privés, lors du rallye du Maroc 2003, dans le cadre de l’organisation du Rallye Aicha des Gazelles 2002 et du Dakar 2005.
Geneviève avait aussi participé et découvert ce pays magique à deux reprises avec moi. La première fois en raid privé avec Orpist et nos amis Gino et Chantal, que je remercie au passage, puis lors du Paris Dakar 2005.
Qu’allions nous découvrir après tant d’années d’absence ? Nous gardons des souvenirs émus de cette époque que nous souhaitions impérativement partager avec nos enfants.
Après avoir choisi Rabat comme port d’attache, notre objectif était de rallier le GRAND SUD, mais avant d’aborder cette partie, commençons par le commencement…
Préambule à un débarquement au Maroc :
Avant d’arriver en vue des côtes marocaines, n’oubliez pas de mettre vos portables en mode avion. Dans le cas contraire, votre téléphone cherche et se connecte de manière aléatoire aux antennes, et télécharge à chaque fois quelques octets.
Bilan des courses pour nous : Sosh nous facture 50 euros par téléphone pour seulement 3,5 MO de données récupérées. Autant dire que c’est du vol mais c’est contractuel donc : on paye…
Attendez donc d’être arrivés et achetez vous d’une carte locale type INWI que vous pouvez rechargée pour 3 francs 6 sous en connexion Internet, appels nationaux et appels internationaux dans des boutiques un peu partout.
Quand on arrive dans un port, ou dans un mouillage, la première chose que l’on fait c’est de voir s’il on retrouve des têtes connues, des bateaux copains. On regarde aussi les drapeaux et s’il y a des enfants du même age, pour faire de nouvelles rencontres.
Dans la marina de Bouregreg, surprise : nos amis irlandais sont encore là ! Joie des retrouvailles, partie de foot, échanges de bonnes adresses…puis invitation pour la soirée à bord de Danu. Des lasagnes à tomber accompagnées d’un bon rouge patriote. Soirée animée et gaie, qui se clos par un concert de musique irlandaise mémorable, avec comme interprètes zélés nos hôtes. Les deux enfants suivent des cours de violon depuis l’age de 5 ans et le pratique quotidiennement. Camille et Charles sont médusés autant que nous et s’essayent à la pratique de cet instrument. Nous finissons la soirée sur une balade irlandaise que Lilian nous interprète a capella. Ca aussi c’est le voyage !
Rabat et sa Marina de Bouregreg
La Marina est située sur les bords de l’Oued Bouregreg sur la commune de Salé et juste en face Rabat. Des petits passeurs à la rame proposent la traversée pour 2,5 dirhams par personne dans leur barque. Nous en profitons pour rejoindre le centre ville.
Au programme : visite de la Tour Hassan II ainsi que le mausolée de Mohammed V, tout proche.
Nous assisterons à la relève des gardes.
Traversée du centre pour rejoindre la médina de Rabat, haute en couleurs et vraiment sympathique. Des échoppes proprettes, pas ou peu de touristes, nous ne sommes pas constamment interpelés pour acheter.
Nous rejoignons la Kasbah des Oudayas.
Magnifique. Ses bas murs sont peints de bleu indigo et blanc comme un air de Chefchaouen.Ancienne forteresse du 12ième siècle, elle sert de base aux armées Marocaines pour la conquête de l’Andalousie dès le 12ième siècle. En 1609, les espagnoles ripostent en expulsant près de 1 million de Maures. La Kasbah accueille alors près de 2000 immigrants et devient un repaire de corsaires et de pirates qui vendent au souk leurs prisonniers chrétiens. Un siècle plus tard, la famille royale alaouite s’y installe et en fait son premier palais au Maroc. En 1833, la tribu des oudayas chassée de Fes y est logée et lui donne définitivement son nom.
Le point de vue sur l’entrée de l’oued vaut son pesant d’or et offre une vue imprenable sur les deux plages à rouleaux de Rabat et celle de salé sur l’autre rive. On comprend alors mieux les difficultés pour rentrer dans ce port par forte houle : des déferlantes s’écrasent sur des roches à fleurs d’eau situées de part et d’autre d’un chenal d’environ 150 mètres de large. Nous apprendrons aussi par les marinéros qu’une retenue d’eau située en amont de la rivière est régulièrement vidée l,hiver occasionnant des courants pouvant atteindre une vitesse de 7 nœuds, charriant boue et sable sur des kilomètres, modifiant l’emplacement de bancs de sables dans la passe.
Pour ces deux raisons, l’entrée au port de Rabat est conditionnée à des règles strictes de la marina : pas de sortie ou d’entrée par houle de plus de 2 mètres, et accompagnement à l’aller comme au retour par un bateau pilote.
Nous poursuivons notre visite de la Kasbah en déambulant tranquillement dans ses petites ruelles et rejoignons un magnifique jardin intérieur tout proche du Café Maure qui surplombe la rivière. On en profite pour y boire un thé à la menthe et savourer des pâtisseries marocaines.
Sur le retour Camille décide de ce faire faire un tatouage au Héné, Charles se prend aussi au jeu :
On commence à planifier notre voyage vers le Sud. Avec Stéphane, on a prévu de faire découvrir aux enfants les dunes de Merzouga. On leur en parle depuis des mois : « une montagne de sable comme vous en n’avez jamais vu ! ». Résa de l’hôtel la Kasbah de Tombouctou, où nous étions déjà allés avec nos amis Gino, Chantal, Bruno et Steph. On se renseigne sur un loueur de véhicule, et grace à autre bateau voisin, on récupère une adresse pas cher : 35 euros par jour, assurances incluses avec ANIKOM Tour +212 661365584
Pour le reste, Inch Allah, on décidera en route.
Boomerang a aussi urgemment besoin d’une bonne séance de toilettage… On profite des commodités du port pour ce grand ménage de printemps et on astique les ponts, cockpit, nacelle avec les enfants, passage à l’anti-rouille et à l’eau douce des haubans et pièces en inox. Lavage des sols, rangement. On soustraite aussi les lessives du linge de maison, trop volumineux pour notre machine à Ajipressing.ma tél 0771100797 2 gros sacs de linge pour 200 dirhams.
Puis c’est la prépa des baguages, pas trop…même si Bianca, occupe a elle seule un bon 1/3 des affaires, pas question de la laisser !
Nous quittons la marina le mardi vers 10H30, en retard sur notre planning, avec une Ford Focus ! Le 4X4 que nous avions initialement réservé a été accidenté ce week-end… Un peu à l’étroit, nous sortons de Rabat direction le Sud, c’est parti pour 600 km.
Les paysages défilent, Steph et moi retrouvons peu à peu le Maroc que nous aimons : des grandes étendues arides aux abords de Casablanca, des panoramas à couper le souffles dans l’Atlas. Je lorgne sur les pistes qui serpentent les paysages et revis des moments de purs plaisirs que nous avions eu à parcourir ce pays aux visages si variés.
Histoire de tuer le temps, long…
«Maman quand est-ce qu’on arrive ? »…
« c’est encore loin ? »…
« J’m’ennuie »…
On essaye d’inciter les enfants à découvrir ce monde si différent qui les entoure. On raconte nos « aventures », on leur parle du désert, la vie de ses habitants, les nomades, la géologie…On leur explique l’impact des touristes sur le développement du pays et sur les comportements des marocains.
Au final, peu de choses ont changé en 14 ans. A noter tout de même : le développement des infrastructures routières, avec des travaux titanesques engagés dans tout le pays et l’omniprésence des antennes téléphoniques. Il semble que tout le territoire en soit couvert ! Le portable est de rigueur partout, même dans les dunes reculées de Merzouga ! Ça, on n’était pas habitués !
En traversant l’Atlas, et plus précisément la forêt d’Azrou, nous tombons nez à nez avec des singes qui y ont élus domicile. Grand moment de bonheur pour les petits et grands de les voir progresser dans leur milieu naturel.
Puis quelques kilomètres plus loin, c’est une autre surprise qui nous attend : des jumelles…et la police !!! Petite expérience non négociable avec nos homologues du 22 qui nous coutera 150 dirhams (15 euros), pour un excès de vitesse de 10km heures en ligne droite.
Il est tard les ventres grognent, alors on lorgne sur les échoppes de bord de route. Marre des poissons, des tajines et autre Keftas, on veut de la VIANDE. On stoppe, dans un petit village devant un restaurant au BBQ fumant, le mouton est au crochet, ça sent bon la pause déjeuner. MuMMM !
Il nous reste encore 300 km, on enchaine en direction d’Er Racchiddia, puis Erfoud et Merzouga. Les enfants sont tombés comme la nuit, et grâce au GPS et à la connexion internet en 4 G, nous arrivons par la piste à la Kasbah Tombouctou sans « Jardiner ». C’est le terme utilisé en raid 4×4 quand on cherche désespéramment sa route, ce qui avait été notre cas la première fois…Il est 20h30, les enfants découvrent avec plein d’étoiles dans les yeux notre petit nid pour les 2 prochains jours.
Les dunes ? ça sera pour demain !
Jour 1 : à l’assaut des dunes
8h00, après une nuit réparatrice et climatisée, on saute dans nos culottes et on file voir les DUNES ! La chaleur nous assaille dès la sortie de la chambre, il fait déjà plus de 30°.
Les enfants sont scotchés devant ce gigantesque tas de sable ! Ni une ni deux on part à leur assaut. On observe des traces de pas de souris du désert, de serpents, quelques brins de végétation…les enfants font des roulades, tandis que nous nous imprégnons de ce paysage de l’erg Chebbi que nous avons traversé de part en part.
Certaines de ces dunes dorées culminent à 150 mètres. Elles s’étirent à perte de vue entre la célèbre vallée du Ziz et la frontière algérienne à peine plus de 50 km. Cet erg s’étire sur plus de 22 km et 5 km de large, y abritant quelques petites oasis.
De retour à la Kasbah, nous rencontrons des chameliers. Les enfants rêvent d’une balade à dos de dromadaire. On cale le rendez-vous pour le coucher du soleil.
On file manger Chez Nora, une pizza bèrbère, on cale une sortie en buggy pour demain et on rentre à la Kasbah se rafraichir aux bords de la piscine. Petit thé à la menthe, rencontre avec les compétiteurs qui courent la Panafrica race et dont la Kasbah est le QG. Ce rallye raid fonctionne en boucles : les spéciales partent et reviennent à la Kasbah. On reprends contact sans nostalgie et regret avec le monde du rallye raid.
A 18:00, nous retrouvons Ali, jeune marocain qui possède quelques dromadaires. Nous sommes chanceux, pas d’autre touriste avec nous. Guidés par notre chamelier Moubarak, qui nous précède à pieds, Stéphane en tête, Charles avec moi et Camille fermant la marche, nous commençons l’ascension des dunes.
Le dromadaire, un animal docile qui mérite d’être connu :
Domestiqué il y a plus de 5000, il s’adapte à tous les style d’habitat, cour, grotte, écurie, et marche instinctivement en file indienne. Un dromadaire bien dressé (1 à 2 ans) est capable de répondre à l’appel de son propriétaire, de « baraquer » (se mettre en position accroupie permettant au chamelier de le monter), de suivre une direction lorsque son maître lui en donne l’ordre. Il voit loin grâce à sa tête perchée et est capable de flairer l’eau et les pâturages à des kilomètres à la ronde.
Nous savourons ces moments magiques bercés par la démarche déhanchées de ces drôles d’animaux. Lors de l’ascension des dunes et pour ménager nos montures, le chamelier nous demande de nous pencher vers l’avant, en descente c’est l’inverse.
Les dunes se teintent d’or, alors que le soleil décline.
Nous nous arrêtons au pied d’une dune et continuons à pieds jusqu’à son sif (sa crête). Tandis que nous admirons l’erg en silence, s’imprégnant des odeurs, des couleurs, de la finesse et douceur du sable sous nos pieds, les enfants jouent.
Charles entreprend de creuser un trou : « Maman, Maman ! il y a de l’eau dans le désert !!! » Effectivement, à quelques 30 cm au fond de son trou, le sable est humide ! Camille dévale les dunes en roulé boulé, se remplissant les poches de sable au passage. Dessine des anges…
Le soleil a disparu dans un ciel voilé, il est temps d’amorcer la descente. Notre guide montre aux enfants ses « trésors » : des pierres précieuses !! Les yeux de Charles et de Camille sont plein d’étoiles. « Maman, s’il te plait, j’en veux un pour ma collec ». Oui, vous pouvez en choisir une chacun, ça sera un vrai souvenir du Maroc rien à voir avec tous les gadgets attrapes toutous que les enfants reluquaient depuis le début du voyage. Le guide offrira même à Charles une petite fiole qu’il s’empresse de remplir de sable.
Au départ, je pensais que cette balade en dromadaire était une attraction destinée au enfants, mais au final, je suis tombée sous le charme de ces bestioles. Si nous n’avions pas eu Bianca, il aurait été vraiment sympa de faire une méharée jusqu’à l’une des oasis de l’erg pour y passer la nuit sous tente berbère. Une autre fois, peut être…
Jour 2 : Retour aux sensations fortes
Hier Stéphane a repéré un petit buggy 4 places qui semble plein de promesses pour aller « jouer » dans ce grand tas de sable… Accompagnés d’un guide en quad nous progressons dans l’erg. Habitué à des touristes néophytes en terme de navigation dans les dunes, très vite, il se rend compte que Steph, tient le rythme et le suit sans difficulté. Je dirais même qu’il a le pied sur le frein !
Après une petite pause, Stéphane demande si l’oasis est loin ? « Non, à environ 40 minutes ». Alors on y va ! Que c’est bon de louvoyer à nouveau dans cette grande mer de sable !
Les enfants sont scotchés, et ne savent pas trop s’il doivent avoir peur ou s’ils doivent rire. Ça râle un peu : les casques sont trop grands, le sable vole…
Le rythme s’accélère. Le petit buggy tient ses promesses et Stéph s’éclate…En à peine 15 minutes, on est à l’oasis.
Kasbah, piscine, bulle et fin de la lecture d’un livre prêté par nos copains irlandais à Rabat, The Marsh Girl. A force de pratiquer l’anglais, nous nous sommes tous deux surpris à penser ou rêver dans la langue de Shakespeare.
Notre séjour dans le Sud touche à sa fin, nous remontons sur Rabat par un itinéraire différent, mais tout aussi beau, passant par Erfoud, Alnif, Ouarzazate, le fameux col de Tichka à 2260 mètres d’altitude, pour rejoindre l’autoroute à Marrakech pour Casablanca et Rabat.
Les travaux en cours sur la route du col de Tichka sont délirants, Les marocains creusent la montagne pour sécuriser la route et la rendre plus rectiligne. Des grands travaux qui devraient durer un paquet de temps …
Nous sommes de retour à Rabat après 1500 kms environ et devons maintenant préparer notre départ pour les Canaries
Une fenêtre météo s’ouvre pour Dimanche 29 septembre.
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