Je sais à présent, d’où vient ce bleu parfait, profond, qui orne les façades des maisons marocaines, ce bleu omniprésent à Chefchaouen dans le Rif Marocain qui rend ce village si attachant…
Il suffit de traverser un bout d’océan entre l’Europe et l’Afrique, pour contempler cette couleur unique. Jamais nous avons vu une eau aussi belle, aussi pure.
Je vous laisse découvrir cette couleur à travers notre trappe de survie !
Nous avons donc profités de conditions idéales mais néanmoins molles (4-12nds de vent) pour rallier le continent européen à son cousin africain.
Nous quittons Faro, au Portugal à 7H30 pour 180MN sur la ligne directe et trente deux heures selon le routage.
Sur l’eau, les conditions sont exceptionnelles : pas de houle, mer plate mais peu de vent. Nous naviguons d’abord au moteur puis à la voile (GV + Génois) au large. Avec 10 nds de vent réel et 7 ou 8 en vent apparent, nous n’avançons guère à plus de 5 nds . Je n’aime pas trop ça, et nous décidons d’envoyer la grosse Berta Jaune, premier essai pour ce grand gennaker de 140 m².
Plusieurs heures durant, avec un vent se renforçant de quelques nœuds, nous glissons confortablement sur un tapis roulant, avec plus de 8 nds de moyenne et une pointe à 9,6 nds.
Cette grosse Berta, est définitivement l’arme absolu dans le petit temps.
En début de soirée, le vent monte à 20 nds et nous décidons non sans mal, d’affaler cette grande voile, pour la remplacer par sa sœur, la petite Berta Bleu et Blanche, nous continuons à glisser comme cela jusqu’à la tombée de la nuit.
Affallage obligatoire avant la nuit noire, nous naviguons sous grand voile et génois jusqu’à 2 heures du mat, quand Eole nous lâche à son tour.
Nous aurons aussi l’opportunité d’envoyer pour la première fois notre spinnaker symétrique de 140M2. Ce grand Bebert (nom d’emprunt) nous apporte avec ses larges épaules de cammionneur une traction confortable, puissante et performante dans le lit du vent.
Quelques heures de moteurs plus tard, nous évitons un à un les nombreux cargos, qui rentrent et sortent du détroit de Gibraltar. Heureusement nous avons l’AIS, un système obligatoire permettant de visualiser toutes les informations de navigation de ces mastodontes.
A ce propos, en vous rendant sur Marine Traffic et en tapant Boomerang 2, vous pouvez voir aussi notre progression lorque nous sommes proche des Côtes. Pour ceux qui ne connaissent pas, allez y faire un tour, vous verrez que nous sommes pas seuls en mer
Malgré cela, c’est parfois chaud, très chaud, nous changeons parfois de cap pour éviter une collision.
Je vous montre ci dessous les écrans qui nous servent à anticiper ce trafic.Le premier écran montre les trajectoires du cargo et de notre bateau avec le CPA, le lieu d’intersection des trajectoires, le temps et la distance avant “l’impact” 🙂
Le deuxième montre toutes les caractéristiques du cargo : cap, vitesse, longueur, tirant d’eau , nom etc. Dans notre cas, il fait 234 mètres de long, 32 m de large et marche à 11,9 noeuds.
Ci dessous in visu la situation au point d’intersection. Comme vous pouvez le voir, nous ne sommes pas loin. De jour c’est gérable, la nuit c’est un peu plus compliqué et anxiogène…
Nous devons à présent préparer notre arrivée. Comme vous le savez tous, en Europe, la circulation des biens et des personnes est libre.
Pour la première fois, nous quittons l’europe et la procédure est différente.
Le nautisme, voile et moteur, comporte un certains nombre de règles, dont celle du pavillonage, héritée de toute l’histoire maritime, avec une étiquette toujours très respectée.
Nous devons donc retirer le pavillon portugais, pavillon du pays visité, toujours sur tribord, et envoyer le pavillon “Q” un pavillon tout jaune (en souvenir du temps où les navires restaient en Quarantaine).
Ce pavillon s’envoie dans les barres de flèche bâbord. Il indique que vous demandez le droit de pénétrer et d’accoster dans les eaux où pays d’arrivée. Vous devez ensuite vous déplacer vers les bureaux de douanes pour effectuer les formalités. Vous devez aussi envoyer le pavillon de courtoisie du pays visité à tribord.
Depuis la création de l’Union européenne, cette pratique n’a plus court dans l’Europe, mais reste valable dans les autres pays. Une fois les formalités effectuées, on affale le pavillon jaune et on conserve le pavillon du pays visité à tribord.
En ce qui concerne le Maroc, nous aurons donc à bord la visite des douanes, de la police et peut être même des services vétérinaires pour Bianca, notre chat.
Une fois en règle avec ces autorités, nous pourrons hisser, à tribord, le pavillon marocain.
Pour compléter, le pavillon national est toujours sur l’arrière du bateau (poupe) et plutôt à tribord et les pavillons régionaux et de clubs s’envoient toujours à bâbord, comme par exemple pour nous celui de la Bretagne.
Cette procédure d’entrée et sortie du territoire sera donc valable pour tous les pays visités, hors Europe.
Il est 18H30, nous rentrons dans le chenal de Rabat, le bateau pilote joignable sur la VHF canal 10, est absent malgré notre demande. Nous avançons tranquillement sur la barre.
Nous sommes à la deuxième heure de la marée descendante, avec un petite houle de 0,8m et la profondeur est toujours importante (coefficient de 85 marnage de 2 mètres) avec environ 3m5 d’eau. L’entrée est assez étroite avec des rochers à gauche et à droite où les vagues déferlent.
Les couleurs, les odeurs et la chaleur sollicitent tous nos sens. Nous reprenons contact avec la terre africaine, les enfants découvrent un nouveau continent.
Nous embouquons le chenal d’à peine 1 mile, en faisant attention aux différentes bouées présentes sur la trajectoire. Le chenal est semblerait-il dragué car nous avons constamment entre 4M50 et 6M de profondeur. Le zodiac de la Marina arrive et nous guide, jusqu’au ponton d’accueil (sur tribord – ponton gasoil) pour les formalités de police et de douanes.
Un bateau anglais est déjà présent, nous devons rester en stand-by une quinzaine de minutes avec un léger courant contraire.
Une fois à quai, les formalités sont respectueuses et cordiales, et un tantinet mais je dis bien un tantinet prolongées. Je dois mettre sous séquestre mon drone car il est interdit sur le territoire, même si je vais essayer d’obtenir une autorisation de vol demain matin.
Les formalités se passent à bord, visite et “fouille du bateau” et passage d’un chien qui ne montera finalement pas à bord à cause de Bianca. En même temps on a rien à cacher !
Premier tampon sur nos passeports tout neufs, ça se fête !
Nous quittons ce ponton de nuit pour nous rendre dans la marina et prendre notre place définitive. Le pavillon marocain est envoyé en lieu et place du pavillon jaune.
Trajet : 197 MN en 35 heures , pas trop mal eu égard aux conditions assez molles de la traversée. Merci les Berta ! et grosse satisfaction de mieux connaitre notre bateau et l’utilisation de ces différentes voiles.
Rabat by Night
Quelle aventure !!!… vous êtes des târés….cela ne m’étonne pas, je vous adore…Bises
Pas pire que toi ! 🙂
Merci pour ce partage, qui est très bien fait.
Je vous suis régulièrement, vous avez, pour l’instant le même parcours que je souhaite faire l’année prochaine
Axel
Content que cela vous plaise ! Et puisse vous servir pour votre projet qui arrive très bientôt